Wednesday, February 08, 2006




01/02/06 - Derkle, Dakar, Senegal

Assis sur un banc au soleil
A cote du gardien
Mon beret rouge s'accorde avec avec son polo rouge
Comme dit Christian avec cet accoutrement j'ai l'air d'un Marseillais
C'est pas les vacances pourtant
Il fait chaud
Les oiseaux, les mouches et le doux murmures de la radio gresillante qui debite des paroles incomprehensibles
Route de sable
Le gardien me dit de me lever pour que la poussiere generer par le balais de paille de la femme de menage dans le couloir de l'entree ne me pique pas les yeux
A l'ombre maintenant
A intervalle regulier un beuglement long
Quand j'ai voulu debarasser la table Albert m'a dit:
"Laisses-ca! La bonne s'en occupera. Il faut bien qu'elle est quelquechose a faire."
Albert est un tres bon observateur




Dans le tram quelquepart en Allemagne
assis sur la banquete parallele au mouvement
a son cote son cousin
devant lui un professeur concentre qui corrgie des devoirs
a cote du professeur, en face du cousin, une femme pas trop agee
assise a cote de son fils, debout
elle s'occupe, pense ou reve
son fils, surement ennuye par le tram qui parcours une distance dans un espace dont il n'ai que peu conscient s'amuse avec l'interupteur

off. le professeur releve la tete
incapable de poursuivre son travail du fait de l'absence de lumiere

on. le professeur reprend son travail qui n'est pas son prefere, lui qui est devenu prof non pas pour corriger des devoirs mais plutot pour garder les connaissances qu'il a acquis et surtout pour toujours avoir a leurs donner un sens nouveau, un sens qui a du snes, pour lui, pour les autres, pour comprendre, expliquer, enseigner

off. le professeur releve la tete

on. le professeur reprend
la scene se deroule sur la voie comme le tram qui avance
le fils. ca ne l'amuse pas tant que ca mais ca occupe
il n'a pas l'air plus conscient de l'existence des autres que de l'espace dans lequel il evolue dans lequel il est encore, plus passager que navigateur
la mere. pour elle le tram avance
fatiguee surement
pas trop fatiguee pour discipliner mais peut-etre n'en voit-elle pas l'interet ou la necessite
l'observateur. un peu frustre
mais surtout l'incomprehension
pour lui il y a quelquechose qui cloche
le professeur qui, utile, essaye de faire son travail a besoin de cette lumiere
la lumiere est la pour ca
par respect le fils devrait comprendre cela
exister mais ne pas gener
rien ne se passe ou plutot si, le temps passe, le tram avance
il faut demander au cousin, lui doit surement comprendre, il a vecu

d'apres lui, les enfants en Allemagne sont comme ca
sans limite, completement inconscient de la presence des autres, de leur age, leur position et surtout inconscient des liens qui les unissent aux autres et aux choses
les enfants dans leur monde
ce monde cree par les parents soi-disant, dans lequel les enfants ont ce qu'ils veulent, ce dont ils ont besoin
un monde plein
l'enfant roi
roi parceque futur, roi parceque jeune, frais, curieux
mais quelle curiosite?
cette curiosite perilleuse qu'est celle de la decouverte des limites de l'existence, de son existence, le moi
l'enfant ne comprend pas
et alors, et la mere?
elle doit savoir, elle a vecu
elle doit comprendre les consequences de l'action de son fils sur l'interrupteur qui influx sur le monde autour de lui, elle, eux
elle doit pouvoir developer un jugement, evaluer si cette influence est bonne ou mauvaise et a partir de ce jugement, se decider sur le pourquoi et comment de la chose, l’expliquer a son fils, lui faire comprendre
mais non, et le professeur alors ?
lui qui est victime, gene peut-etre
meme offense, qui sais?
peut-on lire sur son visage ?
quelle expression ce dessine sur son visage dans cette obscurite qui ne le permet pas de lire et corriger mais qui suffit a observer discretement le plissement de ses yeux derriere les grosses lunettes et le contour accentue de ses joues, reliefs d’ombres
non, il n’a pas l’air vexe

off. il releve la tete et semble fixer le vide

est-ce une pose necessaire dans un travail laborieux comme celui-ci la correction des devoirs d’eleves, certain devant etre proche de l’illisible, l’incomprehensible, l’incorrigible
cela doit user, dans un tram, a la fin de la journee, apres les rappels a l’ordre, les explications, les punitions
oui ca fatigue, le repos donc a chaque clic de l’interrupteur
mais on ne peut pas dire que ca l’arrange non plus, il veut quand meme finir son travail

on. il reprend la lecture, la correction
il semble s’etre adapte a son environment
il y a comme une harmonie entre le mouvement constant du tram, la regularite des clics de l’interrupteur, l’immobilite de la mere
le professeur a peut-etre capter cette musique qui pour l’observateur, ecouteur, semble discordante, mais qui s’harmonise avec le comportement approprie d’un homme qui a dedie sa vie a l’education des enfants
ca marche donc, ca roule
quelle merveilleuse decouverte
tellement anodine, presque secrete
mais l’œil aguise d’un observateur des relations humaines tel que l’est devenu Albert ne pouvait pas rater cela


J’aimerais rester au soleil mais le gardien me dit, en un language que je ne peux bien-sur pas comprendre qu’il prefere l’ombre, c’est reposant


Les oiseaux, de leurs petits cris, semblent repondre au doux gresillement de la radio, pousse par une voix profonde et effrayante qui raconte l’histoire d’une langue que je ne comprends pas, dans un monde que je n’ai jamais compris, sous un arbre qui oui m’abrite et m’offre son ombre, genereuse et reposante, mais m’empeche de voir la vrai lumiere de ce soleil immense, chaux, dangereux et bienfaiteur. Protege, surveille. Mais sans defense, en danger. Seul le chat sait qu’il est vivant, la mort n’existe pas.

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