Thursday, January 19, 2006




Hiver 2005 - Paris - Quelquepart dans le metro

Habitue a la technique du tissage de liens humains
De rencontre en rencontre cet art se perpetu
La patience et une concentration soutenue sont necessaires
Car la matiere qui nous lie est plus que fragile
Parfois de simple courant d'air d'histoire viennent detruire des champs entiers de delicats tissus murient durant de longues annees de vie
Nous touchons tous les jours ce precieux tissus de liens de nos pieds engourdis
Notre voix le fait fremir et trembler d'un doux chants d'amour sonnore
Dans cette foret je me perds
Les arbres et la vegetation
Le peuple
Les delicates coutures qui rendent temoins a de nombreux efforts communs
Rein ne se fait sans amour
Rien ne se fait sans amour
Mais les dechirures sont profondes
Oui, les dechirures sont profondes














14/01/06 - Senegal - Abbaye de Keur Moussa

Sur le bord du Lac Rose j'ai achete 25kg de sel fin non-raffine.

Pour 500 F CFA je pouvais pas dire non. C'etait pas les grigris habituels que les locaux vendent aux toubabs mais c'est juste ce que je cherchais.


Sur le chemin de l'Abbaye de Keur Moussa, Mr Pame me raconte son histoire. Il vient de Guede Chantier, au nord de St Louis. De Dakar a St Louis en longeant la cote c'est a peu pres 270km. De St Louis a Guede Chantier en longeant le Fleuve du Senegal c'est a peu pres 210km. C'est un petit village de 6000 habitants peuples de poular. Pour dire bonjour le matin tu dis 'diamounali', pour dire bonjour l'apres-midi tu dis 'diamali' et pour dire bonsoir tu dis 'dianiji'. Mr Pame est retourne la-bas pour la tabaski comme il le fait chaque annee. Il retourne dans sa maison natale et familiale qui contient le seul telephone du quartier. Sa maison est devenu un vrai telecentre. Dedans, sa grand-mere de 99 ans a toujours la peche. C'est une vrai legende vivante dans le village.

Un jour quand elle allait au lac avec un agneau, un crocodile a bondit hors de l'eau. Alors que l'agneau s'abreuvait inconsciemment, le crocodile lui attrapa les pates avant avec sa machoire destructive. Dans un moment de detresse comme celui-ci, la grand-mere ne reflechi meme pas et attrapa l'agneau par les pates pour le sauver. Le crocodile, n'ayant pas peur de la grand-mere qu'il croyait senile ne lacha pas prise et tira encore plus fort. La grand-mere attrapa alors son baton et l'enfonca dans la machoire entre-ouverte du crocodile pour le forcer a lacher prise. Voyant la determination de la grand-mere, le crocodile ouvra grand sa machoire et les jambes avant de l'agneau qui n'avait pas cesser de beugler se libererent soudainement.

Ce jour la, la grand-mere de Mr Pame, qui s'appelle Coumba Thiam, defia le crocodile trop ambitieux qui croyait que 99 longues annees auraient eut raison des reflexes d'une vielle poular.



- nambiete 'da?
- bitemico Coumba Thiam!




Pendant le reste du voyage, Mr Pame et moi avons parle du Senegal. J'ai appris les raison de la surpopulation de Dakar qui ne fait que 550km2 mais abrite tant bien que mal un tiers de la population Senegalaise. D'ou les cites dortoires des quartiers populaires de Gueule Tapee, FASS, Grand Yoff et jusqu'en banlieues. Mr Pame m'a aussi parle de la democratie senegalaise et de comment la jeunesse et les medias la font vivre. Mr Pame pense que la democratie est maintenant un acquis au Senegal. "Il serait tres difficile de repartir en arriere." L'esprit democratique est entre dans la conscience populaire. Il abreuve une soif de liberte et d'independance qui est jusqu'a aujourd'hui inepuisable. Je peux deviner que Mr Pame en est fier de cette singuliere democratie senegalaise. Il a raison.
Comme le disait Francois Mitterand, "le developement c'est avec la democratie." Non, en verite je ne sais pas du tout dans quel contexte l'ancien President-Playboy a prononcer ces mots. Je ne sais pas non-plus ce qu'il voulait dire en utilisant les termes 'developement' et 'democratie'. Donc en fait cette citation je viens de la sortir de mon cul!


"L'homme comble ne dure pas: il ressemble au betail qu'on abat." - Psaume 48, Le Psautier Rythme de l'Abbaye de Keur Moussa.

Je ne suis evidemment pas comble. Et je ne crois pas que je ressemble au betail qu'on abat. D'ailleurs je suis toujours en mouvement pour etre sur de ne pas etre une cible fixe donc plus facile a abattre.



Messe a l'Abbaye de Keur Moussa
Toge
blanche, ceinture marron,
Peinture
rouge, jaune et noire,
Murs de pierre, chaises de bois


Remuer la tete doucemement au son des Koras...



Apres la messe le moine Dominique Catta raconte le trajet de voiture de New York a Remington qu'il a effectue en pleine tempete en 1993 pour aller chercher le prix internationale de chanson que l'Abbaye de Keur Moussa avait gagne. Les vents etaients si fort que la voiture faisait des ecarts de cote a chaque rafales. Dominique Catta ne se rappelle pas avoir vu la neige mais il se rappellera toujours d'avoir voyager en voiture pendant "la tempete du siecle aux Etats-Unis." Le moine a deja vecu maintenant et les cheveux blancs se plantent, eparpilles sur son crane. Avec ses grosses lunettes teintes, il me fixe d'un air amuse pour me dire:
- J'y etais en tant qu'Africain.
Posant les mains sur ses joues et montrant ses vieilles dents jaunes d'un grand sourire il ajoute:
- Je fais pas tres Africain, mais bon!




Sur le bord de route en direction de la maison j'ai transporte 25kg de sel fin non-raffine.


Wednesday, January 18, 2006









January 2006 - Senegal - Somewhere on the road to the Lac Rose

Albert est ne un an apres l'independance. Dans les annees 60 il a grandit en pleine expiration apres le manque d'air libre. Le colonisateur ne pouvait pas freiner cette energie, cette vie pour toujours.
A l'epoque, la structure sociale et en particulier le role de la famille avait cree un cocktail explosif de productivite et d'innovations. Dans un milieu familial soude avec plus de confiance en un avenir plus personel, les jeunes dont faisait parti Albert pouvaient se concentrer sur leur education. Pour les Dakarois, le boulot etait la. Les familles travaillaient dure et les jeunes pouvaient etudier et jouer au foot. Mais l'ouverture de ce nouveau pays, fraichement libere avait beaucoup de consequences pour le monde, la region, le pays, le peuple, la famille, et l'individu.
La crise petroliere de 70 marque ce boulversement de la societe et en particulier de la structure familial. Comme Albert l'explique, apres les jeunes ne jouaient plus au foot. L'education a laisse sa place aux femmes, la fete, l'alcool, la drogue et la gualere. C'est vrai que l'afflux constant de gens des milieux ruraux dans les quartiers populaires de Dakar ont beaucoup encourage cette pauvrete visible que l'on peut aujourd'hui encore observer. La dissolution de la famille traditionelle est aussi responsable. Que ce soit la decouverte de nouveaux besoins ou simplement la necessite de survie, beaucoup de facteurs ont contribue a un changement dans la facon que les familles gerent l'argent gagnes par ses membres. A l'epoque l'argent pouvait aller directement aux besoins de la famille et particulierement pour l'education des enfants. Apres, l'evolution des besoins et la survie poussa les gens a changes de priorite. La situation se complique quand de jeunes adultes partent gagnes leur vie a l'etranger en envoyant de l'argent a la famille restee au pays, pour decouvrir trop tard que celle-ci l'a depense pour montrer une richesse qui prouverai la reussite de la famille. Mais cet argent est perdu et les annees de travail aussi.
Tous ces 'campagnards' comme dit Albert qui viennent en ville pour chercher du travail finissent dans des cites dortoires dans les quartiers populaires de Dakar: Medina, Gueule Tapee, FASS, Colobane, Grand Yoff, et d'autres. Sans leur famille, ces gens, surtout les jeunes, sont livres a eux-memes. Leur nombres est immense comme le revele le vide cree pendant la tabaski par tout ce monde qui repart dans les villes ou villages pour celebrer en famille.
Sans famille veut aussi diresans reperes dans des communautes ou la famille structure, soutien, contien et entretien les relations humaines. Donc les interdits disparaissent peu a peu. Les besoins d'education et donc de direction et d'ouverture sont remplaces par des besoins de divertissement, de pertes, qui en verite menent a un espece de refermement social sur soi-meme. On echange les femmes, l'alcools, les drogues et peut-etre une danse. Mais ca n'a rien a voir socialement et culturellement avec des echanges d'idees, de questions, d'amour et d'humanite.
Les jeunes ne jouent plus au foot comme avant. Pour Albert cela veut dire que l'on ne fait plus attention. Les jeunes se perdent et sont perdus. Les jeunes sont perdus et se perdent. Pourquoi perdre son temps quand on peut si tot apprendre a jouer avec l'argent que l'on gagne en travaillant? Bien sur ce n'est plus un jeu. Il est trop tard pour ca ou trop tot. Il est dure de savoir si ce jeune pays n'a pas assez vecu ou si cette vielle culture a trop vecu.
Rien n'est desespere, il faut pouvoir esperer. "Ou il y a la vie, il y a l'espoir." La ou il y a la survie, il y a le desespoir. Ici les gens vivent et survivent, esperent et desesperent. Ici je vis et j'espere. Je veux jouer au foot. Pas de temps en temps ne sachant pas quand la prochaine partie se deroulera comme le dit Albert quand il critique la facon dont les jeunes d'apres 70 jouent. Je veux jouer en amateur sountenu! Pour ces jeunes qui n'ont pas perdu espoir. Pour ces jeunes qui aiment et se defoulent. Mais avant tout pour moi. Car j'aime.

14/01/06 and after - Dakar, Senegal




Je vois a travers des lentilles de couleurs
Comment ne pas reproduire les memes choses?
Je vois tout a travers des lentilles de couleurs
Comment ne pas reproduire toutes les meme choses






Education, Education, Education
Perte de reperes!
Pendant qu'elle range la poudre de cafe, la pate a tartiner et le pain, j'ecris ces mots
Qu'est ce que ca veut dire?
Y-a-t-il un sens a tout puisque je m'eforce dans donner partout?
Moi, je peux ranger mes propres aliments apres le petit dejeuner
Elle, peut-elle ecrire?
Moi, elle, moi, elle, moi, elle


Curiosite rapprochee
Il y a des annees de ca, j'ecrivais
Ces deux mots pour decrire ma soudaine decouverte de ma proximite charnelle avec le monde des choses et des animaux de la nature de part l'action de mon oeil soudain ouvert et attentif
Aujourd'hui j'entre doucement dans le monde humain
A chaque pas je me rapproche des autres et donc de moi-meme
Mon oeil est cette fois tourne vers l'interieur
Je le sais, je le sents!
C'est pour cette raison que je peux finalement ecrire sans la peur de mourir ou au moins souffrir
Je le fais, je le penses!


Pas besoin de partir pour decouvrir
En fait j'etais deja parti
Puisque je ne suis jamais reste!







13 Janvier 2006 - Dakar Senegal

Franck pose sa petite main sur mon avant-bras puis il pose son autre main sur le bras de son pere. Il retire vite ses mains et a un petit rire amuse. Il approche de nouveau lentement sa main et la pose sur mon bras puis sur le bras de son pere. Il a de nouveau un petit rire amuse en retirant vite ses mains. A la troisieme fois j'ai deviner qu'il y a quelque chose de tres amusant dans cette activite. Apparemment Franck est rejoui. Il me regarde d'un air interrogateur puis regarde son pere, Albert, qui n'a pas cesse de parler. Il parle de la difference parfois subtil mais bien reelle entre le Fanta senegalais et le Fanta d'autrepart. Ne pouvant temoigner que pour le Fanta francais at americain, j'ai ete force de constater qu'il y avait en effet sinon un difference dans le gout fruite, au moins un difference en ce qui concernait la teneut en sucre. Albert semblait fier d'avoir fait cette decouverte qui demande evidemment un sens tres raffine du gout et une curiosite soutenue. Mais ce n'est pas cette decouverte qui interesse Franck depuis le debut. Meme s'il etait en age d'aligner les mots pour faire des phrases et ainsi faire part de son analyse personelle sur la composition precise du Fanta il ne le ferait pas. A voir la facon dont il boit le jus de fruit ca ne m'etonnerait pas qu'il s'en fiche bien que ce soit du lait ou autre chose. Non pour Franck ce sera le toucher. C'est surement sa curiosite qui le pousse a utiliser cette technique tres ancienne pour cette nouvelle experience. Ou peut-etre simplement le sens pratique des choses. Mais ses hypotheses de depart me sont inconnues. Je ne sais pas s'il part de l'idee qu'il sentira en effet une difference au toucher ou s'il veut prouver qu'il n'y en a pas. Bien sur il essaie trois fois au cas ou d'autre facteur n'aurait pas ete garde constant comme l'humidite relative de l'air de mon cote du divan ou du cote de son pere. Aussi peut-etre que le sens du toucher de sa main droite est plus develope que celui de sa main gauche. En tout cas a la troisieme reprise il semble satisfait. Son regard amuse est-il un signe qu'il a reussi a prouver son hypothese de depart. Il faudra surement renouveler cette experience plusieurs fois et dans beaucoup d'autre situation pour pouvoir construire une theorie dans l'espoir d'etablir une loi qui puisse guider les relations humaines. En realite j'ai beaucoup envie la position de Franck. J'aurais aime etre a sa place en train de faire cette experience. Et de realiser avec mes petits yeux d'enfants s'il y a bien une difference entre la peau noire de papa et la peau blanche de l'etranger.